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SITUATIONS MÉDICO-LÉGALES  
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Annonce des mauvaises nouvelles  
Objectifs  
Savoir communiquer une mauvaise nouvelle au patient ou à sa famille.  
Savoir organiser l’annonce de la mauvaise nouvelle au sein des urgences.  
Savoir gérer son stress.  
Définition  
La mauvaise nouvelle se déï¬?nit comme : « Toute nouvelle qui  
modiï¬?e radicalement et négativement l’idée que se fait le patient  
de son avenir. »1  
L’annonce des mauvaises nouvelles est un domaine où le savoir-être et le  
savoir-faire sont prédominants. Dans la pratique soignante, l’information  
au patient ou à sa famille rencontre des paroxysmes, qu’il faut savoir  
gérer. Les paroxysmes sont représentés en particulier par l’annonce des  
mauvaises nouvelles. Aux urgences, les mauvaises nouvelles les plus fré-  
quemment annoncées sont :  
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le diagnostic d’une maladie grave ;  
la nécessité d’une intervention mutilante ;  
le transfert en réanimation ;  
le décès d’un proche.  
Le plus souvent, l’annonce est diluée dans le temps et s’énonce par bribes  
au gré des radiographies, des analyses, des examens réalisés. Ce temps se  
déroule en accéléré aux urgences. Si l’annonce est un moment trauma-  
tisant pour celui ou celle qu’elle concerne, elle est également diffi-  
cile pour celui ou celle qui la formule. Il existe peu de situations  
humaines où l’on se trouve ainsi détenteur d’un savoir essentiel sur l’autre.  
Le premier contact qui prépare le moment de l’annonce est  
essentiel.  
Il n’existe pas de « bonnes Â» façons d’annoncer une mauvaise nouvelle.  
Ceci réside dans le fait que chaque situation se décline au singulier : le  
temps des premiers mots marque à tout jamais l’imaginaire du patient ou  
de sa famille.  
1
. In : Robert Buckman. S’asseoir pour parler – L’Art de communiquer de mauvaises  
nouvelles aux malades. Masson, Paris, 2001.  
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Annonce des mauvaises nouvelles  
La manière de communiquer l’annonce d’une mauvaise nouvelle renvoie  
à une compétence : celle d’être présent à l’autre dans son attente  
humaine.  
S’il revient au médecin la responsabilité d’annoncer une maladie grave, la  
mort d’un proche à sa famille, l’infirmière doit apporter son savoir parti-  
culier et son expérience au niveau de l’accompagnement que cette  
annonce requiert. L’annonce est faite en binôme de préférence.  
S’il n’existe pas de recette pour rendre cette pratique optimale, certains  
paramètres doivent être pris en considération pour favoriser la communi-  
cation de l’information : l’annonce d’une mauvaise nouvelle.  
L’activité incessante que présente un service d’urgence rend parfois la  
communication d’une mauvaise nouvelle encore plus difficile pour les soi-  
gnants : comment l’annoncer ?  
Situations pratiques aux urgences  
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Conditions matérielles  
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Lieu : calme, dédié au respect de l’intimité et à la confidentialité de  
l’information.  
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Organisation : disponibilité de temps, éviter d’être interrompu, position  
face à la personne pour saisir les indices émotionnels non verbaux.  
Présence : identification des personnes ressources pour aider le malade  
ou la famille et obtenir, si possible, leur présence pour partager la crise  
émotionnelle.  
â?š
Stratégie de l’annonce  
•
Donner un message initial préparant l’annonce proprement dite ; par  
exemple :  
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« J’ai une mauvaise nouvelle à vous dire » ;  
« Vous avez un problème sérieux ».  
S’adapter en fonction des réactions et des expressions de l’émotion.  
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Répondre aux questions.  
Consigner le contenu de l’entretien dans le dossier du patient.  
â?š
Comment le dire ?  
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D’une manière « émotionnelle » : empathie, respect, douceur.  
Utiliser un langage simple.  
Éviter les termes trop techniques.  
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Annonce des mauvaises nouvelles  
RECOMMANDATIONS POUR L’ANNONCE D’UNE MAUVAISE NOUVELLE  
Ces recommandations sont un cadre facilitateur à l’annonce des mauvaises  
nouvelles qui repose à son tour sur les principes fondamentaux que sont  
l’éthique professionnelle, la conï¬?ance, le respect, l’écoute.  
Ces principes mis en Å“uvre garantissent au patient, à la famille, une démarche  
pluridisciplinaire, un temps dédié à l’annonce et un soutien psychologique.  
La qualité de cette communication est également fortement corrélée à  
l’usage de protocoles, de référentiels et d’une démarche éthique.  
Le protocole d’annonce selon Robert Buckman1 comporte six étapes, avec  
phase préliminaire et phase de communication d’informations :  
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Préliminaires :  
choix du lieu ;  
choix de l’attitude corporelle ;  
que sait déjà le patient ?  
que veut savoir le patient ?  
Communication d’informations :  
diagnostic, traitement, pronostic, soutien ;  
réponses aux sentiments du patient.  
Le Conseil national de l’Ordre des médecins propose lui aussi des recom-  
mandations aux soignants :  
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Rester simple sans trop apporter de détails, notamment techniques.  
Tenir compte de ce que le malade sait et perçoit déjà.  
Ménager un contexte aussi calme que possible.  
Fragmenter les nouvelles.  
Attendre les questions complémentaires que peut poser le malade.  
Ne pas discuter ce que le malade refuse de connaître.  
Demander au malade s’il a bien compris, s’il souhaite des précisions sup-  
plémentaires.  
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Ne pas supprimer tout espoir.  
Ne rien dire qui ne soit vrai.  
Des recommandations ont été émises par le groupe de travail de l’HAS :  
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Fixer un contenu à l’information à donner au patient.  
Garantir aux patients des informations validées.  
Réfléchir à la manière de préserver les risques et à leur prise en charge.  
Veiller à la compréhension de l’information par les patients.  
Veiller à ce que l’information soit intégrée comme un élément du sys-  
tème de soins du côté du patient et de ses proches.  
L’annonce doit être un travail d’équipe, il est fondamental  
d’intégrer les inï¬?rmières aï¬?n qu’il puisse y avoir une  
reformulation des mauvaises nouvelles par étapes.  
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